I love L. A. (Feat Andréas et Alice)

Je me sens toute vaseuse. J'ai mal à la tête, et j'ai du mal à ouvrir les yeux. La lumière m'agresse, et j'ai l'impression de tout voir à travers une couche de pommade. J'essaie de lever la main pour me frotter les yeux, mais j'y arrive pas. Je vais vomir. Un seau à champagne apparaît comme par magie. Et tout redevient noir. 

Je me réveille dans un grand lit moelleux et confortable. Tout est blanc. Trop blanc et trop confortable. 

Et merde. J'suis morte. 

Des images me reviennent petit à petit. Je me souviens du toit. Des méchants curés. De la tueuse. Ça me revient par flash. Puis je me souviens d'un torse chaud. Fort. Pourquoi j'ai des flashs d'Andréas torse nu qui me porte ? Comment j'ai bien pu mourir si Andréas était là ? Je me souviens de mes os qui... Je m'agite pour regarder mon bras. Il est bandé. Une succession d'images me vient en tête. Un démon tout gris avec des énormes cornes qui se penche au dessus de moi qui hurle et me débat. D'ailleurs, je me rend compte que j'ai la gorge en feu. Mon bras ne me fait pas mal en revanche. Ni ma main, qui est également bandée. Super, me v'là momifiée. Je me redresse en grimaçant, et sursaute quand une voix artificielle sort des murs. 

Bonjour. Veuillez ne pas bouger. Nous allons nous occuper de vous.

Qu'est ce que.... J'entends un léger bruit de moteur, et un robot apparaît dans la chambre. D'un coup, je me souviens de... Ben de robots en train de me déshabiller. 
J'essaie de crier, mais je n'ai pas de voix. Putain !!! Je n'ai pas de voix !!! Ses enfoirés m'ont volé ma voix ! Je tâte ma gorge, paniquée, et je saute du lit. Évidemment , je vacille et dois me retenir au mur. Et évidemment, j'ai tendu la mauvaise main. Adossée au mur, je regarde le petit robot blanc devant moi. Merde, j'ai été enlevée par des aliens robots ! Ils sont plutôt mignons. Mince mince mince, comment j'vais retourner à New York moi ? Surtout dans ce pyjama blanc / combinaison spaciale, personne ne voudra me prendre en stop.... 

Bonjour. Veuillez ne pas bouger, je suis là pour m'occuper de vous.

Ben oui, le robot parle. Évidemment qu'il parle. Mais dans quel monde je suis tombée encore ? Ce truc ressemble à Eve dans Wall-e. Les jambes tremblantes, toujours appuyée sur le mur, je fais quelques pas. Un autre robot apparaît, et lui, il n'a pas une petite tête kawaii toute mignonne, non lui il est plus ambiance Terminator. Évidemment je crie de nouveau, et de nouveau ma gorge me fait un mal de chien sans produire le moindre son. Ça ne peut pas être réel. Ça ne peut pas arriver dans la vraie vie. Alice, ressaisi toi, changer de monde non plus ça n'arrive pas dans la vraie vie et pourtant t'en a changé. Ou alors t'es complètement folle. Je crois que c'est ça. J'ai perdu l'esprit. J'ai complètement perdu la raison, c'est la seule explication. Rien de tout cela ne peut être réel. Bien sûr que non. 

Je souris de soulagement. Évidemment que ce n'est pas réel. J'ai un petit rire silencieux, et je me détache du mur tandis que Terminator s'approche de moi. 

Merci de regagner votre lit. Nous nous occupons de vous.

Le robot me parle. Putain on arrête pas le progrès. Je commence à tourner autour du robot, l'observant. Y a ptet un bouton marche/arrêt sur ce truc. Mais ce dernier me désigne le lit du doigt. On se croirait dans un film Netflix. Alice, perdue dans l'espace. Génial. Mais à choisir entre un vaisseau spacial ou un monde robotique blanc et moelleux, ou à un monde en pleine apocalypse, le choix de mon délire est vite fait. 

Et d'un coup, comme ça, sans prévenir, mon cerveau se remet en marche. Ce n'est pas un délire. Ce n'est pas pour de faux. Je ne sais pas où je suis. Et je suis entourée de robot. Soit j'suis à Tokyo, soit j'suis dans la merde. Et un coup d'œil à la fenêtre me dit qu'on n'est pas au Japon. Et c'est à ce moment là, la panique me tombe dessus. Et avec elle, sonne le retour de ma voix. Je pousse un hurlement digne d'un autre genre de film Netflix, et me saisi tant bien que mal de ce qui me tombe sur la main pour le lancer sur le robot. 

Ne faites pas...

Clang. Il se prend un verre d'eau sur sa tête métallique. Visiblement, j'aurai pas dû faire ça, parce qu'il passe en mode alarme hurlante de voiture de sport. Il fait le café aussi ?

Alerte ! Alerte ! Alerte !

Toujours hurlante, je balance alors la seconde chose qui me tombe sous la main. Une lampe de chevet. Mais elle n'atteint pas le robot non. Elle s'écrase sur le torse, puis aux pieds d'un homme, enfin non, mais d'un être en chair et en os qui m'est bien connu. 

Je fixe Andréas avec des grands yeux ronds, la bouche entrouverte. Oh mon dieu ce torse ! Enfin... Le torse du dieu... Enfin j'me comprends. Alice, ne commence pas. On a dit qu'on arrêtait avec Andréas. Alors on arrête. D'un autre côté, regarder ça à jamais tué personne. Enfin sauf les témoins gênants de gros méchants gangsters... Breeeeef. Andréas est là. Un soulagement sans nom me tombe dessus, et je me sens vaciller, mes jambes tremblent. Enfin pas que mes jambes, je tremble tout court. Il demande à la maison de faire je sais pas quoi aux fenêtres et c'est comme si un film disparaissait. Et ça confirme ce que j'avais deviné tout à l'heure, à savoir qu'on n'était pas au Japon.

Tandis que des vagues de peur me traversent, je me balance doucement d'avant en arrière en essayant de placer nerveusement une mèche de cheveux derrière mon oreille. Et devinez quoi ? Avec une main bandée c'est compliqué, et j ai du mal à bouger mon bras blessé. Je souffle fortement, et même mon souffle est tremblant. Je sens les larmes me monter aux yeux. OK Alice, respire, parce que tu vas partir en crise de panique si tu continu. Or tu ne peux pas partir en angoisse, parce que... Ben tu peux pas. Alors je me retiens de hurler, de toute façon j'ai trop mal à la gorge. Je tuerai pour un verre d'eau, genre... Celui que j'ai envoyé sur C3PO. Et qu'Andréas à épongé avec sa chemise. Ouverte. Et mouillée. Sur son torse. Nu. Finalement c'est pas plus mal que je sois assoiffée, ça m'évite de baver. Par contre, et sans que je me l'explique, ça me donne envie de pleurer. À moins que ce ne soit le contre coup ? Je me force à détacher mon regard des abdos (8. Plus les pecs. Même des muscles ont des muscles. J'ai jamais vu ça.) pour les lever vers les yeux du dieu. Et plouf. Je me noie dans son regard. Aussi simple que ça. Mes yeux me piquent. Ma vue se brouille. Et merde, je pleure. Je grogne rageusement et essui mes larmes contre mon avant bras valide. Concentre toi Alice. Une chose à la fois. Où je suis, comment j'en pars, pour aller où, ce genre de choses. Je renifle plus où moins discrètement et essaie de ne pas paniquer. Pas pleurer Alice. Sois une grande fille, te tape pas une nouvelle fois la honte

Où...? Qui....? Les méchants curés et....et.....et la tueuse et.... Le vampire qui a bu le monsieur....

Oui, mes paroles sont aussi décousues que mes pensées. Alors que je tangue dangereusement, je me force à m'asseoir sur le bord du lit. J'essaie de mettre mes idées dans l'ordre. Et c'est pas facile.

Ils me voulaient moi. Pourquoi moi ? J suis rien, j'suis personne, je n'ai aucune valeur. Alors pourquoi me vouloir vivante? Et qui ? Et... Comment je me suis retrouvée avec.. Toi ? Tu étais parti.

Andréas m'a mise au lit. Au sens premier du terme. Et il m'a embrassé le front avant de le laisser. Y'a pas à dire Alice, mais côté enfantin là t'es au top. Il m'a collé à la sieste comme une gosse de maternelle. Voilà voilà. Mais d'un autre côté, c'est ce que je suis par rapport à... Ben à lui, à ses compagnons, à tout le groupe anti apocalypse en fait. Évidemment que j'suis le maillon faible. Même si cette idée me fait mal au cœur. Vraiment très mal au cœur. N'empêche, je me demande bien pourquoi je suis ici avec lui. Booon d'accord on est chez Raven, mais c'est lui qui est venu. Me border comme une enfant. Hier encore, je crois que je me serai accroché à "il est venu". Mais aujourd'hui les choses ont changées. Entre le fait de m'être ridiculisée pendant la réunion, puis pendant l'attaque, et sa manière de se comporter, je dois me rendre à l'évidence : j suis une don quichotte face à des moulins à vent. Et c'est vrai que je me sens quiche. Je ne peux plus ni nier ni être en colère contre le fait que je ne suis pas à la hauteur. C'est un fait. Je suis un poids mort. J'peux pas les aider, mis à part pour faire des sandwichs à la rigueur. Et encore, c'est pas dit qu'on me laisse jouer avec des couteaux pointus. Bon d'accord, là j'en rajoute. Mais toute mauvaise fois mise à part, je me rends compte que je me suis lancée dans une quête bien plus grande que moi. J'suis ni un Frodon ni même un Sam, non, moi j'suis Pippin. Pleine de bonne intentions, mais sans arme ni force. Au pire j'pourrai faire la pompom girl pour encourager les vrais héros pendant la bataille. Et à quoi j ai pensé tout à l'heure déjà ? Ah oui, et les sandwichs.

Je sais que ma frustration est ridicule. Je suis celle que je suis, je suis moi. Et je ne saurai pas être autrement. J'fais ce que je peux à la hauteur de mes moyens, c'est ce que nous faisons tous. Sauf que mes moyens à moi sont super restreints. À moins que je ne trouve une quelconque manière de me rendre vraiment utile. De ne plus être... Aussi faible, inutile et incompétente. Bien sûr je ne serai jamais à leur niveau à eux, mais... Il soit bien y avoir une solution. Un moyen. Réfléchis Alice. Fais comme Winnie, pense, pense et pense.

Le sommeil m'a emporté sans que je ne m'en rende compte. Je suis réveillée par un poids qui s'enfonce dans le lit moelleux. J'ouvre les yeux et m'étire doucement avant de me redresser en position assise puis de m'adosser au lit. Avant de grimacer. J'ai mal partout, et j'ai super envie de faire pipi. Je l'extrait alors du lit en saluant Andréas et en lui demandant de m'indiquer la salle de bain. Je m'y rend d'un pas peu assuré, et une fois la porte fermée je m'y adosse en fermant les yeux. J'ai l'impression d'avoir fait une compétition de gymnastique, ou d'avoir 80 ans. Non, j'ai l'impression d' avoir 80 ans ET d'avoir fait une compétition de gymnastique. J'ouvre les yeux sur un miroir qui me renvoie mon visage défait, mes yeux ternes creusés et... oh seigneur Andréas m' a vraiment vu avec cette tête là ? J'ai les cheveux emmêlés, la tronche d'un mort vivant et surtout j'ai l'impression qu'une bestiole poilue et puante s'est installée dans ma bouche pour y faire ses petits. Je soupire et me traîne jusqu'aux toilettes. C' est super compliqué de descendre un pantalon alors qu'on a une main bandez et le bras opposé dans un plâtre. Après moult contorsions et jurons chuchoté, ainsi qu'une vessie soulagée, je constate qu'il est encore plus difficile de remonter un pantalon que de le descendre. Une fois que j'ai enfin réussi, j'ouvre le robinet pour me passer la main et le visage sous l'eau. Puis je me redresse et m'essuie sur une des serviettes les plus blanches et les plus douces que j'ai vu dans ma vie.

Je tuerai pour une brosse à dent et du dentifrice.

Je marmonne, et sursaute violemment quant une voix sort d'un petit haut parleur que le côté du miroir.

Bonjour. Nous vous procurons ce que vous désirez tout de suite.

Une trappe s'ouvre sur le côté du lavabo et une brossé à dent neuve et emballée trône dans un gobelet avec un mini tube de dentifrice.

Euh....merci.

A votre service.

Sans prendre le temps de réfléchir je lance

Ah ouais ? Ben je voudrai un million de dollars

Je ne comprends pas le sens de votre demande. Veuillez expliquer.

Aaaah, foutus Daleks. Ils sont vraiment partout. Je déloge la famille de putois d'entre mes dents et retourne dans la chambre ou je m'assois sur le lit.

Il ne fallait pas te donner tant de mal tu sais.

Un geste du menton, je désigne le plateau repas. Il semble très appétissant, et mon ventre choisi ce moment précis pour crier famine en faisant des gargouillis sonores. Je soupire, mais me jette sur le jus de fruit que je saisi tant bien que mal avant de le vider d'un trait. C'est frais, goûteux et plein du sucre des fruits, bref, un régal. J'observe le contenu du plateau plus attentivement et ne peux m'empêcher d'être honteuse. On dirai un plateau pour jeune enfant, tout est découpé de façon à ce que je puisse manger d'une seule main, comme si je ne pouvais pas me servir de.... Ah flûte c'est vrai, je ne peux vraiment pas me servir de mes deux mains.

Tu as du nouveau ?

Je mange lentement tout en écoutant Andréas me mettre au parfum.

Lorsque Andréas me demande si j'ai une idée de ce qui motive son frère, je pars dans un fou rire que je n'avais pas vu venir. Même moi j'entends la pointe d'hystérie percer dans ce rire, et je sais qu'en un claquement de doigt je peux passer du rire aux larmes. Mais la situation est complètement folle. Andréas me demande mon avis sur son frère. Un dieu demande son avis à une gamine humaine sur un autre dieu. Ridicule. Mon rire se meurt sur mes lèvres aussi rapidement qu'il est arrivé. Je me force à réfléchir sur ce que j'ai vu. Et je me décide à tout reprendre depuis le début.

Récapitulons. Je sors d'une réunion avec ce que l'on pourrait appeler la résistance. Vous avez une vraie chance de stopper l'apocalypse. Dakota, sa sœur, cette histoire de prophétie qui dit qu'eux seuls peuvent sauver le monde. Un démon qui fiche les chocottes. Et toi, l'un des êtres les plus puissants à fouler cette terre. Un dieu, rien que ça.

Je ris doucement, désabusée. Je sens bien que la divinité en question ne voit pas où je veux en venir, mais je n'ai pas fini, loin de là.

Quelqu'un me tend une embuscade et envoi un démon et un vampire. J'ai cru qu'ils voulaient ma peau. Mais le hasard a voulu qu'une tueuse passe par là. Elle aussi voulait me parler, et n'avait pas spécialement l'air encline à me laisser le choix. Et finalement, y'a toute un troupeau de prêtres tarés qui surgit comme une nuée de sauterelles et qui s'en prend à elle. Pour m'emmener. Parce que oui, je suis le maillon faible.

J'essai de cacher la peine et l'aigreur que me provoquent ces mots, mais je ne suis pas sûre d'y parvenir. Alors je soupire et je reprend.

La tueuse me défend. Et du coup je me dis que l'ennemi a vraiment, vraiment envie de parler avec moi, parce qu'on envoi pas autant de gars casser leur pipe pour un truc qui en vaut pas la peine. Tout ça, c'est un premier fait. Mais il c'est passé quelque chose sur ce toit : ton frère...

Je sens que je fronce les sourcils tandis que je me souviens. Ma voix se fait rêveuse, basse, presque un chuchotement tandis que j'enchaîne.

Il flottait dans les ténèbres.... C'était comme s'il apparaissait et disparissait dans l'ombre. Comme s'il vacillait, un peu comme une ampoule qui s'apprête à griller. Et il l'a regardait elle. Il.... C'est comme s'il était une présence fantômatique, tu vois ? Ensuite, il a du faire quelque chose qui te fais dire qu'elle a attiré son attention, et même si je ne sais pas quoi, je sais que ça n'est pas anodin, vu ta réaction. Je crois qu'il a vu quelque chose chez elle qui lui a fait perdre sa retenue. Parce que j'étais, on était tous à sa merci. S'il est vraiment pro acopalypse, il aurait pu frapper un grand coup. D'un claquement de doigt il aurait pu se débarrasser de Dakota, et par là même du risque qui plane sur l'apocalypse. Alors tu me diras que ça ne prouve rien parce qu'il n'est même pas au courant si ça se trouve. Mais il a tué personne. Or si j'en crois tous les ouvrages sur la mythologie grecque que j'ai bouffé depuis que je t'ai rencontré, vous les dieux vous ne prenez pas de pincettes quand il s'agit de combat et de fin à atteindre. Pourquoi vous le feriez, vous êtes tout puissant. Il aurait dû nous tuer tous. Il avait l'opportunité, le mobile, la capacité, bref c'était cadeau. Et pourtant, il est resté là, à la regarder depuis les ténèbres. Et il semblait... C'était... C'était pas un regard d'évaluation. Je sais pas comment te dire, y'avait... Tout son corps, tout son être se tendait vers elle. Je ne l'ai pas beaucoup vu je sais, mais c'était comme contempler un dragon se pencher sur une fourmi et en être interpellé. Elle l'a accaparé, il ne portait attention à rien d'autre. Il n'a pas vu que je l'ai vu. Je ne suis pas sûre qu'il était conscient d'être visible. Tu vois ?

Je n'attends pas de réponse, je me concentre encore plus pour lui livrer la meilleure analyse possible.

De son côté, Morrigann... C'est une dingue. Elle a hurlé des trucs fous aux méchants curés. Du genre qu'elle était la mort, que la mort ne voulait pas d'elle mais qu'elle la connaissait bien, elle a même dit qu'elle était la déesse de la mort.

Je glousse.

Soit ton frère a eu un crush, soit il a trouvé un jouet. En tout cas, le fait qu'on soit tous en vie signifie surtout que quoi qu'il voit en elle, vous pouvez vous en servir. Enfin moi c'que j'en dit...

Je hausse les épaules. J'ai parlé pendant des siècles, et je n'ai pas regardé Andréas une seule fois. Sinon, je n'aurai pas pu réfléchir à voix haute, parce que je n'aurai pas pu réfléchir tout court en fait. Mais maintenant que j'ai commencé à réfléchir, mes pensées s'emballent, et avec elles mon envie de foutre le camp d'ici ne cesse de s'accroitre.