Bienvenue sur le campus Feat Andréas et Alice

Je souris au client tout en encaissant sa commande. J'arrive à la fin de mon service, enfin. Cela fait maintenant un mois que j'ai emménagé dans mon appartement, et j'attaque ma seconde semaine de travail comme serveuse dans un café sur le campus. C'est aussi mal payé que serveuse dans un bar, les personnes ivres en moins. Inutile de dire que j'ai vite choisi. J'ai hâte de rentrer chez moi. Enfin chez moi.... J'esquisse un sourire en coin. Si seulement je pouvais rentrer chez moi... Si j'avais ne serait-ce que la moindre idée de comment m'y prendre... Mais je trouverai, qu'importe le temps que ça me prendra, je rentrerai chez moi. En attendant il me tarde de retrouver l'appartement que je loue. Il est petit, mais propre, et surtout, j'y suis libre. Libre d'être moi même, de me lancer dans ma quête. Je sais que je vais réussir. 


Je m'approche de la table suivante pour prendre les commandes, toujours souriante. J'aime travailler ici. Outre le fait que j'ai besoin d'argent, car je ne veux pas dépendre de Ben et Jerry, cela m'aide à m'intégrer dans ce monde. Je n'aurais pas supporté de ne pas avoir de lien social du tout en dehors des cours d'été. J'ai réussis à m'inscrire à ceux que je voulais, et encore une fois grâce à Ben et Jerry. J'apprends à les connaître. Ils ont beau être comme mes papas, être les mêmes personnes, ils sont différents. Et je ne suis pas comme leur fille. C'est douloureux autant que réconfortant vue nos situations, vraiment je crois qu'il va nous falloir du temps. Si je ne parviens pas à partir on aura ce temps là. Mais si je pars, je les laisserai seuls. C'est compliqué pour eux aussi. Je ne suis pas elle mais je suis elle en même temps, et elle leur manque tellement. 

Après avoir servi la table, je m'approche du dernier box que j'ai dans mon rang, et me pose sur le côté, avant de regarder vers le client 

Bonsoir Monsieur, vous avez fait votre choix ?  

Mes yeux se posent alors sur le plus beau et le plus imposant mastodonte que je n'ai jamais vu. 

Sa voix me donne des frissons. Elle me donne envie de retrousser mes manches maintenant et de trouver le moyen de partir d'ici. Je sais que je peux y arriver, que je trouverai la solution, que je sortirai victorieuse de cette histoire. Son regard me déstabilise. Quand il sort sa flasque, je fronce les sourcils.


Si vous tenez à boire de l'alcool, je vous invite à vous diriger vers un établissement prévu à cet effet.

Son regard en dis long sur qui va gagner ce bras de fer. Je n'ai aucune chance. Je soupire en secouant la tête, et me dirige vers le comptoir. Je remplis une tasse de café à ras bord, et regarde le comptoir à pâtisserie. Je choisis un gâteau au miel et aux épices et prépare mon plateau. Alors que je l'emmène jusqu'à mon client, un autre me barre la route

Salut beauté. Tu vas bien ?
 Bonjour. Installez vous je viens prendre votre commande
T'es au menu ?

Je me rembruni et arrête de sourire.

 Non
Je suis sur que si, avec la bonne motivation

Il s'approche de moi et me murmure à l'oreille

 Tu dois pas être bien chère.

Je le regarde, choquée, et fais un pas en arrière. Il est hors de question que je me laisse marcher sur les pieds, seulement voilà, je n'ai pas une once de violence en moi. Mais être douce ne signifie pas être faible, loin de là.

 C'est vous qui ne valez rien, pas même le temps que vous me faites perdre, à moi et au client qui attend sa commande. Soit vous vous asseyez et vous commandez de façon courtoise, soit vous allez dans un autre établissement.

Je le contourne et apporte sa commande au beau gosse à la gueule cassée, tout en gardant un œil sur l'abruti qui m'a insulté. C'est l'histoire de ma vie. Les seuls hommes qui attirent mon attention sont.. Des hommes justement, pas des gamins. Les garçons de mon âge sont tellement prévisible et ennuyeux. Celui que je viens de renvoyer paître se glisse dans un box et ne me quitte pas des yeux. Je détourne mon regard et me concentre sur mon client.

Désolée pour l'attente. Bonne dégustation  

J'ai du mal a détacher mes yeux des siens, il y a quelque chose qui m'intrigue chez cet homme. 
Nous sommes en plein rush, mais je n'arrive toujours pas à détacher mon attention du papa bad boy. C'est ma collègue June qui me sort de mes pensées avec son papotage incessant. Elle est très drôle et je ris volontiers de ses remarques et bavardages. Elle m'aide à me sentir normale. Ça fait du bien. Alors que je ris encore, mon regard croise celui du beau gosse.  

Je sens SON regard sur moi qui ne me lâche pas, mais je n'ai pas le temps de m'apensantir sur la tension que cela fait naître en moi. J'enchaîne mon heure de service restante sans avoir le temps d'observer Andréas en douce. Enfin pas beaucoup. Une centaine de fois à tout casser. C'était une assez bonne soirée dans l'ensemble, les clients étaient sympa. J'ai déjà oublié l'idiot de tout à l'heure, qui est parti après avoir saigné du nez, le sweet et le jean recouverts de sang. Dégoûtant. L'image me reviens en tête et je grimace intérieurement. Beurk beurk beurk !

Andréas.... Andréas. C'est joli comme nom. Je le fais tourner dans ma tête, en ne jetant pas le cent quatrième regard dérobé à celui qui le porte. C'est à peu près le cent douzième. Il capte mon regard, et je lui souris avant de tourner la tête vers June qui me parle de son petit copain. Elle a une façon hilarante de raconter les choses, et je passe du sourire au rire franc tandis qu'elle me relate son "expédition au resto" avec lui. Quand elle me demande si je suis avec quelqu'un, je lui souris et lui fait non de la tête. Elle a l'air surprise. Si elle savait que je n'ai même jamais eu de petit copain ! Pas que je n'ai pas eu de prétendants, mais moi je prétendais à... Plus. Je ne suis jamais tombée amoureuse, je n'ai jamais rencontré un garçon qui réussisse à retenir mon attention. La plupart du temps, je ne réussis même pas à retenir leur prénom. Ils ne s'appelent pas Andréas. An-dré-as. Oui vraiment j'aime bien.

C'est enfin la fin de mon service. Je passe derrière le comptoir et disparaît dans le tout petit vestiaire/placard à balais/salle de pause. Je pose mon tablier, récupère mon sac à main, et vais au comptoir. Je me fais un grand cappuccino et me perche sur un tabouret. June me colle d'autorité un gateau au chocolat sous le nez et m'encourage à manger. A bien y réfléchir, je ai pas mangé depuis.....oui, au moins tout ça. J'en saisi un bout dans mes doigts et le porte à la bouche. Ooooh mais est tellement bon que je pousse un tout petit soupire de satisfaction. Avant à la maison... Enfin à Beacon Hills, le Chocolat n'avait pas le même goût. Il était plus fade. Moins chocolaté. Je savoure mon gâteau lentement, les yeux perdus dans mon café. Penser à chez moi me fais toujours mal au cœur. Mes papas me manquent. Ma vie me manque. Mais pour le moment, je suis coincée ici. Si la vie te donne des citrons, fais en des tartes, de la citronnade et de la marmelade. Bref, fais avec ce que t'as. Pour le moment, j'ai ce monde. Et un délicieux gâteau au chocolat. Je jette un regard vers le box d'Andréas. Oh... Il est parti ?

June me tire de mes pensées en me tendant 50 dollars et une carte de visite.

Appelles-moi t'as laissé un gros pourboire et sa carte
Appelles-moi?
Ouais le gars de la sécurité. Un vrai tombeur. Il seme des cartes de visites partout où il est écrit "appelles moi". Il a couché avec la moitié du campus. Et les nanas, les mecs, tout y passe. Visiblement c'est ton tour.

Je la regarde et éclate de rire. Je n'ai jamais eu personne, ce n'est pas pour perdre ma première fois avec un queutard qui m'oubliera aussitôt consommée. Cette annonce à un effet douche froide sur moi. Évidemment que c'est un tombeur, il est beau à se damner, son sourire suffit à donner des papillons dans le ventre, ses yeux sont d'un bleu extraordinaire et son corps semble parfait. Il aurait bien tord de ne pas s'amuser si c'est son truc. Dommage, ce n'est pas mon cas.

Et bien moi, il ne m'aura pas.

Je froisse la carte et la jette à la poubelle. Quant au pourboire... Une partie de moi voudrai lui rendre. Car il est ridicule et ce n'est pas comme ça qu'il aura mes faveurs. Une autre partie de moi se dit qu'il faut remplir le frigo. Et que ça lui apprendra à traiter les gens comme des jouets sexuel interchangeables. Et qu'il avait qu'à faire attention. Et que nécessité fait loi. Et merde, je vais devoir lui rendre, parce que je n'y crois pas moi même 

Je salue une June estomaquée que je puisse repousser les avances "d'Appelles-moi" et sort enfin du café. La nuit est tombée, le ciel est dégagé, et le vent sent les fleurs. J'inspire à pleins poumons et enlève mes sandales. Elles sont très confortables et je n'ai pas spécialement mal au pieds, mais j'ai envie de marcher pieds nus dans l'herbe. C'est ce qui me manque le plus ici par rapport à Beacon Hills. La verdure, les bois, la nature, la vie. Soudain une main s'abat violemment sur mon épaule.

Coucou pétasse.

Aussitôt, je me retrouve nez à nez avec l'imbécile de tout à l'heure. Il me saisi par la gorge et je pousse un glapissement de douleur et de surprise. De peur aussi.

Tu fais moins la maline quand y'a pas ton copain pour te défendre
Ne me touches pas
On dit s'il te plaît
Lâche moi s'il te plait
Que je réfléchisses..... Non, ça ne me plaît pas.

Il me traîne à l'écart, dans un coin sombre. Le vent se lève brusquement, soufflant en rafale sur nous et faisant voler mes cheveux. Je me débats et lui balance un coup de pied dans le tibia tout en battant des mains sur son bras et en griffant la main qui m'étrangle. Il relâche son étreinte et j'en profite pour le pousser de toutes mes forces et décamper. Je cours de toutes mes forces en regardant derrière moi, mais je n'ai pas fait quinze mètres que je tombe violemment au sol. Une rafale de vent m'a littéralement projetée par terre. Le type se tient debout au dessus de moi, l'air mauvais. Toujours au sol, je recule en poussant sur mes talons, les mains derrière moi. Le type me regarde et me décoche un coup de pieds sur le côté. Je cri de douleur et essai de me relever, mais son poing atterri sur ma tempe. Je tombe au sol, complètement sonnée, et essaye de me protéger tant bien que mal de mes bras tandis qu'il s'assied à califourchon sur moi et essaye d'attraper mes poignets. Je me défends comme je le peux, de toutes mes forces et de toute la violence dont je suis capable. Une nouvelle rafale fait voler une branche d'arbre qui atterrit à trente centimètres de ma tête. Je ne peux pas me battre contre ce type ET la météo ! Je me débats toujours tant et plus mais il arrive à me saisir un poignet. Je lui mords le bras, et il me colle une gifle en me traitant de salope. Et après, plus rien. Je veux dire : plus de type.

Je cligne des yeux, et me relève tant bien que mal. Andréas à envoyer voler le type comme un rien. Vraiment. Je le regarde, ébahie, un peu perdue et choquée. Ma tête tourne. J'ai des flashs devant les yeux, et je me sens tanguer. Mais je reste debout et écarquille de grands yeux quand l'imbécile se relève et charge à nouveau.


Andréas ne bouge pas. Il ne le regarde pas, il me regarde moi. Un simple geste de la main, comme s'il chassait une mouche, et le gars vole de nouveau sur plusieurs mètres. Mais enfin qu'est ce qui se passe ? Avec Ben et Jerry on a discuté et conclu que je ne devais pas être là seule à débarquer d'ailleurs. Il se passe trop de choses bizarres partout pour encore en douter. Je crois que l'abruti et Andreas ne sont pas de simples gars ordinaires. Ils ne sont peut être pas.... Euh.... Humains?

Je tangue dangereusement maintenant, mais je ne peux pas empêcher mon regard d'aller de Andréas debout devant moi au type qui se relève et avance vers nous. Je vois bien que les lèvres d'Andréas bougent, mais je n'entends rien. Je cligne plusieurs fois des yeux, mais rien à faire, les choses ne sont pas plus compréhensibles pour autant. Le sale type lance quelque chose vers Andreas et je ne sais comment ou pourquoi, mais je me retrouve à hurler "non" et me précipite devant lui pour le protéger. Et là tout se passe en même temps, à la fois très vite mais au ralenti. Le projectile qui me fonce dessus à pleine vitesse, un couteau je crois, ralenti et tombe à quelques mètres de nous. Le vent m'a brutalement jetée à terre, à ralenti l'arme et à fait tomber le sale type sur le derrière. J'en rirai si le fait d'ouvrir ma bouche ne me ferai pas bouffer de la terre.

Je me tape la honte de ma vie. Non seulement je me précipite devant un catcheur qui fait deux voire trois fois ma taille et en plus je me ramasse devant lui. Ça fait 18 ans que je marche, je suis sensée savoir fare sans tomber maintenant, mais non, je me vautre devant Mister couverture de magazine. Super vraiment. Depuis que je suis arrivée sans ce monde, plus rien ne m'étonne et tout me surprend en même temps. Je soupire et pousse sur mes bras pour me relever prudemment. J'ai clairement loupé un épisode, parce que ni Andréas ni l'imbécile ne sont là où je les ai laissé. Enfin là où je les ai vu pour la dernière fois.  

Je me force à cligner des yeux, mais je ne rêve pas. Le couteau Andreas vient de se transformer en épée. Je me saisi de mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et je filme la scène qui se déroule devant mes yeux ébahis. C'est incroyable. Andreas et l'imbécile se batte à l'épée. Mode duel. Comme dans le livre avec les mousquetaires.

Je n'en reviens pas, on se croirai devant un film Marvel. Je ne comprends même pas comment on peut faire ce genre de passe d'armes sans avoir répété. Ou sans avoir de doublure. C'est incroyable. Y'a vraiment le mec de la sécurité du campus qui fait de l'escrime avec un étudiant. Un message bip sur mon téléphone, me faisant sursauter. Et là, d'un coup.... Il le décapite. Le type. Sur le campus. Plus de tête. Pof. La tête roule au sol comme une boule de bowling. Et Andreas l'éclate sous sa chaussure. Comme une pastèque. Vraiment, ça éclabousse rouge pareil. Une pastèque. Il s'approche de moi et je mets mon téléphone dans ma poche.

Il me parle. Je crois. Tout ceci n'a aucun sens. Il a du sang sur la main et je n'arrive pas à détacher min regard de cette trace. Je déglutis compulsivement pour ne pas vomir. Enfin j'arrive à parler

Hein ?

Je le regarde me regarder et je me noie dans ses yeux. Ils sont incroyablement bleu, et il y a quelque chose de doré au fond. C'est vraiment très beau. Mais je ne peux me laisser aller à me perdre dans mes pensées.

Qu'est ce qui se passe ici à la fin ? C'était qui ? Pourquoi tu...... Il est mort enfin ! Mort tu comprends ? On doit appeler la police, et oh mon dieu tu as tué quelqu'un. Oh merde. T'as craqué ou quoi ? Je... La police. Il faut... Et lave toi tu es recouvert de sang ! C'est dégoûtant ! Appeler la police.

Je sais qu'il m'a posé une question. Je crois qu'elle portait sur les flics. Ou sur les sushis pour ce que j'en sais, en fait il pourrait même parler Biélorusse que je ne m'en rendrais pas compte. D'accord, je lui ai dit de se laver, mais je ne voulais pas dire maintenant ! Enfin si, mais pas.... Mais pas comme ça quoi !

Je n'étais pas prête pour ça. Seigneur, ce type est magnifique. Il est.. Wow. Machinalement, je me tâte le menton pour vérifier que je ne bave pas, parce que très clairement, là, y'a de quoi. Je m'adosse à l'arbre à côté, enfonçant mes épaules et mon dos dans l'écorce pour ne pas tomber. Quand sa chemise mouillée lui moule le torse.... Ben je crois bien que y a pas que la chemise qui l'est. Mouillée je veux dire. Il est super sexy. Encore plus que Channing Tatum dans Magic Mike. Ce qu'il me fait ressentir là, jamais je ne l'ai ressenti. Est ce que c'est normal ? Est ce que c'est seulement lui, ou le choc ? Aucune idée. Mais je ne peux pas détacher mes yeux de lui.

Je frôle l'infarctus quand il déboutonne sa chemise, et quand il l'enlève je manque de tourner de l'œil parce que j'ai oublié de respirer. Et puis je vois son dos. Son torse. Son corps. Quand il déboutonne son pantalon j'implore la sainte patronne des vierges innocentes face au péché incarné et la supplie de m'aider à pas faire quelque chose de débile, comme me mettre à baver en répétant "abada... Abadabada...". Ses cuisses sont musclées, puissante. Et son caleçon, trempé lui aussi, moule le plus beau cul de la création. Et il ne moule pas que ça d'ailleurs. Et si "ça" c'est l'effet qu'à l'eau froide sur son anatomie, et bien... Je suis sûre que plusieurs femmes se sont évanouies aussi en le découvrant. Si ça se trouve il a l'habitude. Je l'imagine de dos, nu, marcher le long d'une haie d'honneur qui s'évanouit sur son passage. Un ricanement monte dans ma gorge, mais je le retient, merci sainte patronne des innocentes face au péché incarné. Manquerai plus que je me mette à rire comme une hyène devant lui juste parce que je suis nerveuse.

Mes yeux s'attardent sur les cicatrices qui longent son corps tout entier. Papa bad boy en est recouvert. Il a été blessé. On a brisé son corps. Mais il est là, dans sa fontaine, et on dirait que ça n'a pas d'importance. Alors qu'on lui a fait du mal. Je ne me leurre pas, il a sûrement fait de même à d'autres. Mais quand même. Son dos à été fouetté c'est évident. En fait c'est comme si il avait été torturé
Oui c'est ça. Je sens mon cœur se serrer, et je sens quelque chose d'humide sur mon menton. Merde, je bave ! Ah non, c'est une larme. Une seule. L'unique que je verserai pour lui. Il ne mérite pas ma pitié, mais mon respect. Il sort de la fontaine et il marche vers moi. Je crois qu'il me parle, mais je suis perdue dans la contemplation de son corps qui bouge. De ses muscles qui roulent sous sa peau. Autant de perfection ça devrait être interdit. Il est devant moi, et je l'entend me dire de regarder de plus près. Mais grave ! Je fais un pas vers lui et me retrouve très près de lui. Je lui arrive en dessous de l'épaule, et mes yeux passent d'une cicatrice à l'autre. Celle sur son pectoral gauche, juste au dessus de son cœur, je crois que c'est un coup de couteau. Je pose des doigts légers comme un papillon sur cette marque. Je scrute une dernière fois son corps, et me recule d'un pas. Ce type est dangereux. Il émane de lui de la violence, de la brutalité, des combats, de la rage. Merde. C'est sûrement un homme de main. Genre de la mafia. Super. Ou non, plutôt le chef d'un gang de bikers. Et merde, je bave devant un putain de motard queutard et bagarreur qui trempé sans doute dans des affaires louches. Remarque je viens de le voir décapiter un type et...

Je recule d'un autre pas. Non mais ça va pas Alice, qu'est ce que tu fous ? Il a décapité un gars et toi tu le pelotes, tranquille. Ressaisi toi ma grande. Je le regarde alors. Visiblement il m'a posé une question, à laquelle je n'ai qu'une seule réponse :

Hein ?

Ses mots me font l'effet d'une douche froide suivie d'une séance d'électrochocs. Ça réveille, y'a pas à dire. Donc le type me parle viol et meurtre, tranquillement, comme si c'était pas si pire que ça. Mais ce qui me fait tilt c'est qu'il emploi le terme de démons. Au départ je pensais que les démons c'est le nom d'un gang rival, ou peut être du sien d'ailleurs pour ce que j'en sais. Mais il me semble hyper premier degré là..... OK Alice. N'oublies pas d'où tu viens. T'as déjà entendu parler de loups garous. Des démons, ça reste un truc surnaturel. Dooooonc...

OK. Les démons ça existe dans ce monde. Super. Manquait plus que ça.

J'inspire un grand coup, et si je sursaute quand un homme... Un demon debarque de nulle part, je ne cris pas. Non, pas un hurlement, pas de défaillance technique comme me faire dessus de trouille ou me mettre a pleurer en comprenant que si Andreas fréquente des démons c'est qu'il est encore plus dangereux que je ne le croyais. Si ça se trouve, il est lui même un démon. Nouveau monde nouvelles règles. Et à mon avis, quand un démon appelle quelqu'un patron, c'est pas garant du scoutisme du dis bonhomme. Super Alice, tu baves sur des démons chefs de sécurité qui ont l'âge d'être ton père. Belle évolution. Qu'à tu fais cet été Alice ? Oh j'ai changé de dimension, j'ai flashé sur un démon, la routine.... Ressaisi toi ma fille.

Merci pour le coup de main. Je veux dire.... Vraiment. Merci. Pas la peine de se charger de moi d'une quelconque façon, je vous assure.

Je recule d'un pas, mais me retrouve, je vous le donne en mille, adossée à un arbre. Mince, changement de cap. Je sens mes mains qui tremblent, j ai la gorge sèche. Je viens d'échapper à un viol, ça me tombe dessus et me coupe presque les jambes. Par un démon. Y'en a beaucoup ? Des démons je veux dire. Et c'est quoi ? Des humains possédé par un esprit lu une autre race d'êtres vivants ? Y'a d'autres trucs ? Tellement de questions sans réponses.... Pourquoi Ben et Jerry ne m'ont pas prévenue ? Là n'est pas l'essentiel pour le moment. Alors que le démon disparaît d'un coup avec le corps, je sens qu'il est temps pour moi de décamper. Il l'a dit lui même, les démons ne font pas dans la demi mesure.

Merci de m'avoir sauvée de ce.. Euh... Démon. Qui ou quoi que tu sois, merci. J't'en dois une. Sur ce...

Je lui lance un simulacre de sourire et... Je ne résiste pas. Je m'approche de lui, de ce splendide démon bourru, me met sur la pointe des pieds et lui effleure la joue d'un baiser. Je repose mes talons au sol et ajoute :

 Je dois filer. Merci pour tout. Je sais à quoi m'en tenir maintenant.  

Je sais surtout que j'ai envie de déguerpir à toute vitesse, de m'enfermer à douce tour et de rentrer chez moi. Je veux appeler mes papas et leur dire que j'ai peur. Je veux.... Tant de choses qui ne sont pas de ce monde tout pourri.

Je retiens mon souffle quand il me dit qu'il n'est pas un démon. OK, mais ça veut pas dire qu'il soit humain, et je ne penses pas qu'il le soit. Prudence Alice, ne suis pas le premier lapin venu. Je vais pour partir quand il me cri "un verre". Je me figé. Non non non, un verre avec papa bad boy c' est s'attirer des ennuis Alice. Il est beau comme un dieu, et il a un charisme indéniable, et c'est un queutard. Alors....

c'est que.... J'ai pas gardé ton numéro. Tu savais que ton surnom c'est "appelle moi", parce que tu distribue tes cartes comme des prospectus et que tu y écris toujours la même chose ? Ceci dit les filles n'avaient pas l'air de s'en plaindre mais.... Euh.... Ouais. Du coup j'ai pas gardé ton numéro. Euh...

Je me sens conne là d'un coup, à expliquer à un mec qui m'a laissé ses coordonnées y a pas une heure que je ne les ai déjà plus. Je hausse les épaules, un brin fataliste.

C'est juste que je ne suis pas ce genre de fille. Mais je suis flattée hein. Bref. J'ai pas ton numéro. Dooooonc je... T'en offre un maintenant ?

Stupide, stupide Alice. Tu n'avais qu'à te taire et ne pas le rappeler. Ou lui demander sa carte et ne pas le rappeler. Ou lui demander sa carte et me demander si je devais l'appeler. Mais noooon, il a fallu que je lui avoue que j'ai jeté son générateur à MST et que je lui propose maintenant. Rattrape toi Alice.

Ou pas. On peut se caler un autre jour

Je recule encore un peu, mal à l'aise. J'dois avoir l'air ridicule putain. Il m'attire autant qu'il me fait peur. Il vient de tuer un mec. Enfin un truc. Et moi j'lui propose un verre maintenant ? Stupide, stupide Alice. Une partie de moi à envie de prendre mes jambes à mon cou et de courir très très vite très très loin. L'autre à envie de tout connaître de cet homme. Ridicule je vous dit, comme si j'avais la moindre chance de.... De quoi ? D'avoir un quelconque intérêt à ses yeux, intérêt autre qu'un coup d'un soir s'entend? De le captiver autant qu'il me captive ? Une légère brise fait danser mes cheveux. J'ai l'impression qu'il inspire plus fort. Je dois...

Mince, comment ça ce fat que je n'ai pas encore décampé ? Pourquoi je suis toujours là? D' accord, à Rome fait comme les romains, mais si le délire de ce monde c'est monstres et baston, alors je fois filer fissa. A beacon hills au moins je sais qui est quoi. Loup garou pour la plupart, mais au moins c'est clair, et on sait ce qu'on risque si on s'amuse à traîner seule une nuit de pleine lune. Mais là c'est pas la pleine lune, c'est pas des loups garou et c'est pas mon monde. Bref. Je croise son regard et me reperds dans ses yeux. J'ai déjà dis qu'ils sont magnifiques ? Hypnotiques ? Non ?

Définitivement pas humain. J'en ai la certitude tandis qu'il s'approche de moi en me parlant nom et cri de guerre. Putain mais c'est qui ce type ? Plus il parle plus il envahi mon espace, et c'est en me cognant le dos à un arbre que je comprends que je reculais. L'instinct. Ça ne mens pas. Je sais, beaucoup pensent que c'est des conneries, mais moi j'y crois. Parfois, on sent des choses. Et là, tout en moi me dis de reculer. Il est dangereux. Lorsqu'il pose une main sur le tronc au dessus de ma tête et se penche vers moi, mon souffle s'accélère. Il est beaucoup, beaucoup trop près ! Je me sens petite, vulnérable, je me sens comme un foutu lapin repéré par un prédateur. Comme une sorte de reconnaissance entre nous, je sais qu'il sait que je me sens comme ça. Il me confirme qu'il est dangereux, juste avant de sortir un sous entendu à deux balles. Il sourit et d'un coup...

Il est contre moi. Sa main est dans ma poche avant et je jure qu'elle est incandescente, je sens sa chaleur à travers le tissu de mon jean. Sa bouche contre mon oreille fat courir des frissons sur tout mon corps, sa voix rauque, si intime, fait s' accélérer mon cœur, et son souffle dans mon oreille me colle la chair de poule. Seigneur, jamais je n'ai reagis comme ça au contact d'un homme. Je n'ai jamais réagis comme ça du tout! Je halète, le souffle court. Il me dit qu'il sera doux avec moi. Sérieusement ? J'ai tellement envie de fondre pour lui, et en même temps tout me dit qu'il est dangereux, lui compris. Oh la la...

Il s'éloigne, me laissant pétrifiée contre l'arbre. Il ramasse ses affaires et disparaît. C'est comme si rien ne s'était passé. Pas d'agression, pas de corps, pas d'Andréas. D'un coup. Je prends le temps de reprendre mon souffle. Je me sens d'un coup tomber à genoux, comme si mes jambes ne me soutenaient plus. Je suffoque à présent, et de grosses larmes sortent de mes yeux. Je n'arrive plus à respirer. J'ai besoin... J'ai besoin..... J'ai besoin de mes papas. Je suis là depuis 6 mois et ça ne s'arrête pas. Je ne sais pas comment rentrer chez moi, et je ne sais pas comment survivre ici, ou n'importe qui peut être un démon prêt à vous dépecer. Et pour couronner le tout, je me suis laisser complètement envoûter et perturber par un type qui pourrai être mon père et qui ken tout ce qui bouge. Merveilleux vraiment. C'est quoi la prochaine étape hein ? C'est quoi???

Non. Hors de question Alice. Tu te l'es promis. Ne pas baisser les bras. Être une lionne. Debout. Allé debout ! Je me relève lentement et sèche mes larmes. Ça suffit. Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort. Une chose après l'autre Alice. Un pied devant l'autre. Je me force à rentrer chez moi. Quand y arrive je ne pleure plus du tout. J'ai un plan. Un début de plan. Une vague idée de plan. Un concept. Bref. Allé Alice. Courage.