Je suis assise sur un banc, les yeux dans le vide, le cœur en vrac. J'en ai appris plus en deux heures avec Dakota que depuis mon arrivée. Et je ne m'attendais pas du tout à... Ça. Démons, dieux, apocalypse... J me sens vraiment toute petite et perdue. Parce que plus j'y réfléchis et moins je vois d'espoir d'inverser ma traversée et de retourner chez moi. Purée, si ça se trouve je n'ai plus de chez moi. Je ne l'avais jamais envisagé avant. Je pensais à un accident, à un manque de bol, à n'importe quoi en fait mais pas à un truc aussi énorme. Je ne suis que moi, je ne suis ni forte ni magique ni rien, comment je pourrai lutter hein ?

Je sursaute violemment au son d'une voix rauquement sexy. Je lève des yeux écarquillés sur Andreas. Décidément, rien n'épargnera mes nerfs aujourd'hui. Il me demande si je connais Dakota, et je me dis qu'en effet, le monde est petit.

Oui, je viens de le rencontrer. C'est un ami à toi ? Ou... Ça pose un problème ?

Je suis perplexe, je n'arrive pas à savoir ce que pense ce mastodonte. Mais une petite, toute petite partie de moi se réjouit de sa présence.

Écoute, je...

Je fronce les sourcils. Alors que je m'apprêtais à prendre la poudre d'escampette pour aller déprimer tout mon soûl, je me rends compte que je n'ai pas envie d'être seule tout de suite. Mais je suis agitée et je crois que maintenant que la tension et l'excitation liées aux recherches et à mes récentes découvertes sont passées, je me retrouve un peu en état de choc. Et Andreas m'a déjà protégée la semaine dernière. Je crois qu'avec lui je ne crains personne. Sauf lui du coup. Mais là, j'ai besoin de quelque chose. J'ai besoin de digèrer. En fait j'ai besoin de boire.

Tu connaîtrai pas un vendeur d'alcool pas trop regardant sur l'âge des consommateurs par hasard?

Je me frappe le front du plat de la main en me souvenant qu'il est chargé de la sécurité sur le campus, et que par conséquent son taf c'est aussi de se débarrasser de ces vendeurs là. Le plat, je te présente mes pieds.

Désolée. Je suppose que ton travail est incompatible avec ma demande. Oublies. Oh mon dieu, je manque à toute bienséance. Et si je ne me tais pas très vite je vais... Ouais...

Je me tais un instant et me frotte le visage en soupirant. Puis je lui adresse un petit sourire

 Je te prie de m'excuser. Comment vas tu Andreas ? 

J'écarquille les yeux de surprise quand il me répond qu'il connaît un bar en centre ville si je n'ai pas peur d'y aller. Peur de quoi ? Des démons ? De l l'apocalypse ? Au point où j'en suis... Non pas que je me dise que foutu pour foutu autant se lâcher, mais ce soir oui, j'ai juste besoin de digérer.

Vraiment ? C'est... Super. Merci. Je... Ah... J'ai juste besoin de boire un verre.

Il m'aide galament à me relever, et la microseconde d'après je me retrouve contre lui. N'allez pas croire que je n'ai jamais été contre quelqu'un. Je prenais mes papas et mes amis dans mes bras. Mais jamais, je le jure, je n'ai ressenti ce que je ressens là. C' est comme si un arc électrique parcourait tout mon corps, qui est pris d'un violent frisson. La peau de mon dos qu'il effleure à peine me brûle comme des tisonniers, et son souffle contre mon oreille me fait carrément trembler. Le contact éphémère de sa bouche sur la joue me fais manquer une respiration. En bref, je réagis très violemment à une étreinte somme toute anodine. Je refuse de penser à ça, je refuse même d'admettre cette réaction disproportionnée, alors je ne bouge pas et lève simplement les yeux sur lui, refusant de reculer. Il fait au moins 20 centimètres de plus que moi, alors je me tord un peu le cou.

Il est où ce bar ?

Je me perds un peu dans ses yeux. Il me fait exactement le même effet que la dernière fois. Il faut que ça s'arrête tout de suite Alice. Mais vraiment tout de suite. Je recule d'un pas et brise le contact visuel. Mon talon se coince et je me sens basculer en arrière, alors je me rattrape aux bras d'Andréas en lâchant une inspiration bruyante. Je me retrouve encore plus collée à lui qu'avant. Bravo Alice, vraiment. Dire que je n'ai pas encore bu !

Désolée, je suis vraiment maladroite. Alors ce bar?

Suivant l'impulsion du moment, sans même savoir trop pourquoi, j'ajoute d'une voix douce :

Je te dois un verre tu te souviens ?

Est ce que je l'invite juste parce que je lui dois un verre ? Absolument. Est ce que ça me rassure d'être en présence d'un gars aussi baraqué que lui pour sortir si tard ? Oooh que oui. Est ce que je suis plus en sécurité avec lui ? : oui. Il ne laissera rien m'arriver, je ne sais pas pourquoi j'en suis sûre, mais je le sais. Pourtant il n'a pas l'air très avenant, il porte la violence en lui et il est... Intense. Est ce que lui peut être dangereux pour moi ? Oui. Il serait stupide de penser le contraire, il me brise comme une brindille quand il veut. Mais il n'a pas l'air d'en avoir envie, après tout il m'a sauvé la mise l'autre nuit. S'il voulait me faire du mal alors il l'aurai fait dès notre première rencontre. Alors allons boire ce foutu verre qui me fait tant envie.

Il m'emmène devant une moto, aka "l'engin de la mort des enfers" selon papa Ben. Il était mort de trouille à l'idée que je puisse monter sur une bécane. Je ne sais pas si c'est en rapport à la machine en elle même ou du gars qui aurait pu la conduire. Je souris en coin, nostalgique. Qu'est ce qu'il dirait en me voyant m'installer derrière Andreas et m'aggriper à lui comme si mon salut en dépendait ? Entre nous, c'est pas seulement "comme si" ma vie en dépendait. Et j'ai A-DO-RÉ !! La vitesse, la sensation de voler, la présence d'Andreas, j'ai adoré. Lorsque nous arrivons, je n'ai absolument aucune idée d'où on est, mais je suis fébrile. J'enlève le casque d'un geste. Mes cheveux sont emmêlés, mon visage rougis et mes je sais que mes yeux pétillent de joie. Tout mon être vibre, je ne me suis pas sentie aussi vivante depuis que je suis dans ce monde. Mon âme crie "encore", et le sourire sur mon visage me fais mal aux zogomatiques.

Andreas m'emmène alors à l'intérieur d'un.... Repaire de motards. Tous les regards se posent sur moi, et je me sens soudain exposée et mal à l'aise. Inconsciemment je me rapproche du grand blond. Rester près de lui ? Avec plaisir, ces gens ont l'air d'être prêt à... Attendez... Le mec qui joue au billard c'est celui qui est venu se débarrasser du corps de démons. Je me colle un peu plus contre Andreas et il m'emmène dans un coin un peu à part.

Sans un mot, je regarde autour de moi. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les gens qui sont dans ce bar ne sont pas des saints. Je regarde alors mon cavalier du soir et c'est évident que c'est un bad boy. Il me regarde aussi, et je parierai qu il s'attend à moitié à ce que je panique. Et pour être honnête, y'aurait de quoi. Seulement voilà, je n'ai pas peur. La raison est simple : même si la clientèle me scrutait sans vergogne, ça ne l'empêchait pas de jeter des coups d'œil à Andreas. Et ce que j'ai lu dans leurs yeux m'a convaincu : aucun d'entre eux ne prendrai le risque de le contrarier. Donc tant que je suis avec lui, je ne risque rien. Je lui souris,

Merci de m'avoir emmenée ici. Je n'y mettrai pas un demi orteil si tu n'étais pas là, mais qu'importe. Merci beaucoup

En fait, si on part du principe que c'est un repaire pour un gang, les regards sur Andreas remplis à la fois de crainte et de respect me font dire qu'ils seraient plus du genre à obéir à ses ordres que de l'attaquer. Enfin, pour ce que j'en sais... Il me demande ce que je veux boire, et la réponse sort naturellement

Je ne sais pas.... Écoute ça peut paraître bête, mais... c'est ma première fois. Je t'avoue que je suis un peu nerveuse.....est ce qu'il vaut mieux commencer en douceur ou y aller carrément à ton avis ? Tu sais quoi ? Je te fais confiance : je veux quelque chose qui me permette d'être.... Soulagée

Il me regarde d'une drôle de façon tandis que les discussions aux alentours se sont arrêtées. Ben quoi, qu'est ce qu'il se passe ? Une fille n'a pas le droit de demander son avis à quelqu'un quand il s'agit de son premier verre ?

Je suis la serveuse des yeux. Elle a l'air de bien connaître Andreas, et je ne peux m'empêcher d'être un peu jalouse. Pas de sa relation, mais de voir que des nanas aussi belle que cette Becky existent. C'est inhumain. Je ne peux m'empêcher de regarder une dernière fois autour de moi. C'est évident que ce bar est un coupe gorge pour qui n'y est pas le bienvenue. Si je dis ça, c'est parce que j'aperçois des armes sur certains clients. Je me concentre alors sur Andreas, un peu déstabilisée. Il a l'air à sa place ici. C'est aussi un peu déroutant. Seigneur, qu'est ce que je suis venue foutre ici ? Ah oui, je suis là parce que les dieux existent. J' ai envie de rire nerveusement, mais je me retiens. Andreas ne me quitte pas des yeux, et je me sens déstabilisée par son regard.

Pourquoi tu me regarde comme ça ?

C'est vrai, j'ai quelque chose sur le visage ou quoi ? Becky revient rapidement avec nos boissons. Je me saisi du cocktail et le lève en direction d'Andréas, avant de prendre une gorgée prudente. Oooooh que c'est bon ce truc. Je souris alors à Andreas et prends une seconde gorgée. Mais au fond de moi, les pensées s'entrechoquent. Ce que m'a dis Dakota tourne en boucle dans ma tête. Il y'a quelque chose qui m'échappe, mais je ne sais pas quoi... Je réfléchis, les yeux plantés dans ceux du bad boy en face de moi. Soudain, j'ai une illumination.
Dis moi, l'autre jour tu m'as parlé de démons, et d'apocalypse. Quelle apocalypse ? Est ce que tu peux m'expliquer s'il te plaît ?

Je bois la moitié de mon cocktail le temps qu'Andreas réponde. Et lorsqu'il le fait, j'éclate de rire. Pas de ces petits rires timides de ces filles qui savent se tenir en société, non, un rire haut et clair, vraiment amusé.

C'est comme ça que tu fonctionnes Appeles Moi ? En racontant n'importe quoi ? Je ne suis pas plus étonnante que n'importe qui d'autre, je n'ai rien de particulier si ce n'est ma provenance. Quant au fait d'être inconsciente, je ne sais pas, après tout je suis montée sur ta moto et je t'ai suivi à bad boys Land. Mais cela signifierai alors que je ne peux pas compter sur toi pour assurer ma sécurité lorsque je suis avec toi, et si je suis sûre d'une chose, c'est que tant que t'es à mes côtés je ne risque rien ! Du coup, l'inconscient serait plutôt celui qui me cherche des noises, pas moi. Donc je ne suis ni l'un ni l'autre. Juste une étudiante ordinaire.

Quand il répond à ma seconde question en recrachant sa boisson, je me dis que j'ai fais mouche. Cependant, sa réponse ne me satisfait pas. Je fini mon premier cocktail cul sec. Moi qui voulais me prendre une cuite, c'est pas avec ça que je vais y arriver, on dirais du jus de fruit.

Les démons et les autres hein...tu dis ça comme si c'était naturel. L'existence des démons. Savais tu que les Dieux existent aussi à ce qu'il paraît ? Tu te rends compte.... Des dieux. Sérieusement, j'ai du mal à y croire. Je n'aimerai pas être à leur place en tout cas. Ce doit être horrible d'être un dieu. Surtout sur terre.

Je joue machinalement avec la petite ombrelle du cocktail. Mon cœur se sert à l'idée de tant de forces inconnues qui ont décidé de tout détruire.

Je ne sais pas ce que tu sais de la situation, mais à ce que j'ai compris ça craint vraiment. Je voudrais juste pouvoir arrêter ça, que tout redevienne comme avant. Pouvoir rentrer chez moi. Mais visiblement, c'est mal barré. Ou alors je n'ai pas tout compris à ce que m'a dit Dakota. Il m'a l'air d'être fiable pourtant, qu'en dis tu ? Tu le connais non ?

Je regarde l'intru en biais. Il est là, à moitié étalé à côté de moi. Je crois que je préférerai marcher pieds nu dans un squat à junkies plutôt que de me retrouver seule avec ce type là. Il ne m'inspire aucune confiance, mais alors vraiment aucune.

Cependant, je ne retiens pas un petit sourire narquois, et tourne la tête pour lui répondre en le regardant dans les yeux.

Et bien, puisque tu le demandes si à propos dans cette conversation à laquelle tu n'as absolument pas été convié, saches que j'aurai des choses à dire, et pas qu'un peu.

Je pose les yeux sur mon verre, que j'ai vidé lorsqu'il s'est approché de nous, et qui se retrouve plein comme par magie. Cette Becky est vraiment efficace. Le temps de rassembler mes idées, je me lance :

Je pense qu'un dieu sur terre doit se sentir très seul. Imaginez un peu : c'est comme si nous vivions dans un terrier de lapins, ou une fourmilière. Les dieux sont sensé avoir des supers Megas pouvoirs d'accord? Or ici, il y'a plein d êtres surnaturels, mais pas un qui ne défraie la chronique. Donc ça veut dire que les dieux d'ici ne seraient pas aussi puissants qu'ils sont sensé l'être. Parce qu'un être ultra puissant ça se loupe pas. Or je vois aussi que depuis que je suis là je n'ai remarqué l'émergence d'aucune secte ou aucune religion. Donc de deux choses l'une : soit les dieux se cachent et n'essaient pas de revendiquer leur statut de dieux en ne voulant pas régner, et là on a un être immortel démuni, soit il aimerait mais n'en n'a pas les capacités, et on a aussi un être divin démuni. On parle d'êtres qui ont des milliers d'années. Qui dominent les hommes parce que c'est leur nature. Et qui se retrouvent à devoir vivre avec des êtres qui leur étaient inférieur il n'y a pas si longtemps. Comment leur expérience de vie aurait elle du sens chez les humains ? Nos vies sont éphémères, et je crois que c'est ce qui fait que nous la vivons si intensément. Si nos sentiments sont si exacerbés. Parce que nous sommes conscients de notre mortalité. Un dieu ici serait condamné à perdre inexorablement tout ce qu'il connaît, et toutes les personnes qu'il connaît aussi. En fait, un dieu sur terre doit se sentir super seul au fond de lui. Alors pour répondre à ta question, je crois que je lui dirais que je ne comprendrai sûrement pas tout ce qu'il peut ressentir, comme il ne comprendra pas les émotions humaines. Et que du coup nos façons de penser peuvent être différentes, voire opposées. Mais que s'il a besoin d'une amie à qui parler, s'il a besoin de quelqu'un avec qui partager son nouvel etat, je veux bien être cette personne. J'aurai de l'empathie pour lui. Et de l'admiration je pense. Sauf si c'est un méchant dieu qui exige des sacrifices et tout ça bien sûr, auquel cas je ferai tout pour l'en dissuader.

Je reste pensive un moment, réfléchissant vraiment au sujet.

En fait, je me demande si c'est pas le statut de dieu qui condamne à la solitude. Dans les religions monothéistes les dieux sont seuls. Et dans les autres, comme dans les mythologies, ils sont plusieurs, voire même une tripotée, du coup ils forment une communauté et peuvent être entourés de leurs semblables. Or que nous apprennent ces mythologies ? Y a qu'à voir les mythes grecs, ils se tirent dans les pattes à tout bout de champs, et tant pis pour les humains victimes de leurs emportements. Ils ne peuvent se fier à personne, sont toujours en train de se chercher des noises, à déjouer des complots ou préparer des sales coups. Ils ont des caractères très humains en sommes, sauf que leur immortalité et leur puissance leur fait perdre de vue ce qui compte vraiment.

Je soupire et avale une gorgée avant de conclure.

Donc non, ça ne me dirai pas. Tu parlais de respect et d'être indestructible. Comme je te le dis, il ne semble pas qu un dieu ai fait son apparition et monté un culte qui ait du poids, donc le respect est très limité. Et pour ce qui est d'être indestructible, c'est peut être une malédiction : ne jamais mourir, c'est se condamner à la solitude et n'avoir aucun échappatoire. Tout est joué d'avance, il n'y a aucun plaisir à à gagner un jeu quand on joue la montre, ça n'a pas plus d'intérêt que de détruire une fourmilière : aucun plaisir, aucun effort, aucune estime de soi à avoir. Ce pouvoir immense et cette immortalité sont les freins à leur intégration dans le monde des humains et dans le monde des démons.

Lorsque je fini de parler, je me rends compte que le bar est drôlement silencieux. Trop pour un bar. Je jette un coup d'œil aux clients, et ouais, j'ai l'impression d'être en plein dans la ligne de mire. Ça craint. Je gigote, un peu mal à l'aise. Une voix dans mon dos me fais sursauter. Visiblement, j'ai mis les pieds dans le plat, et je n'ai même pas idée de ce à quoi il ressemble. Peut être qu'ils connaissent un dieu, va savoir. Lorsque je lève la tête sur notre nouvel interlocuteur, je me crispe involontairement. C'est le type qu'Andreas à appelé pour se débarrasser du corps. Celui qui voulait savoir s'il de allait aussi s'occuper de moi. Je m'accroche à mon verre comme à une bouée de sauvetage. Décidément, cette journée est épuisante émotionnellement. Sur l'accord d'Andreas, il commence à parler.

La tête dans une main, l'autre étant en train de tripoter nerveusement mon ombrelle en papier, je l'écoute attentivement. C'est super étrange d'entendre quelqu'un se revendiquer démon. Je l'observe alors encore plus attentivement, et interviens quand il a fini.

Je n'avais pas envisager la solitude comme quelque chose de voulu pour les dieux, c'est vrai. Et comme je l'ai dit tout à l'heure, je suis d'accord : on ne peut pas comprendre ce que ressent un dieu, qu'on soit humain ou démon. De plus, notre vision des divinités depend sûrement de la culture dont nous sommes issus, et il en existe plus que je ne pourrai en compter. De fait, je ne peux que faire des suppositions. Nous sommes d'accord sur un point : humains, démons, dieux... on ne peux pas se comprendre complètement. Mais ça ne nous empêche pas de cohabiter. Enfin je crois.

C'est alors que le.... Euh.... Le gars a côté de moi ouvre la bouche. Ses paroles me glacent, et je ne peux retenir une moue horrifiée. Je le regarde se faire gentiment chambrer et acquiesce lorsque l'immense homme de main demande à s'assoir à mes côtés. De toute façon, où qu'il soit, ça change rien s'il décide de s'en prendre à moi pas vrai ? Et je n'ai aucune raison de paniquer, ils ont l'air plutôt cool et bien intentionné à mon égard.

Votre... ami n'a pas tord quand il dit qu'on n'en sait rien au fond. Je crois que quoi qu'on soit, ce qui influent nos comportements ce sont nos valeurs. Il peut y avoir des dieux bienveillants et d'autres mal intentionné. Comme il y a des humains bons et de vrais méchants. Après tout, tu m'a sauvé d'un démon toi même Andreas, et ça ne dépend que de qui tu es, pas de ce que tu es.

Je regarde Andreas en finissant mon 3eme cocktail, tandis qu'un quatrième fait son apparition. Je crois que je devrais m'abstenir de le boire et passer à l'eau. Mais je joue machinalement avec le pied du verre en regardant Andreas.

Mais laissons les hypothétiques dieux de côté un instant. Ne crois pas que je n'ai pas remarqué que tu évites sciemment le sujet "Dakota". Alors je répète ma question une troisième fois : est ce que Dakota est fiable ? Je dois le revoir bientôt, j'aimerai juste avoir ton avis, pas connaître tes sombres secrets enfouis.

Je souris bravement, essayant de toute mes forces de ne pas me laisser submergée par l'ambiance du bar et de ne pas prendre mes jambes à mon cou. Une partie de moi est désespérée à l'idée de ne jamais revoir ceux que j'aime et semble ne pas s'inquiéter de ma sécurité. Mais une autre à décidé de se battre, et rien ne m'arrêtera. Alors j'aimerai vraiment avoir l'avis d'Andréas sur Dakota, et je ne me priverai pas à l'inverse de demander à Dokota ce qu'il pense du grand blond. Il est toujours intéressant d'entendre les gens parler des autres. Ça nous en apprend beaucoup sur la personne qui parle, bien plus que sur la personne dont il parle.

Lorsqu'il me demande ce que je pense qu'il est, m 'a réponse fuse du tac au tac

Tu es d'une franchise brutale, vraiment super fort, et un tantinet arrogant.

Je lui souris, et l'écoute me parler de Dakota, ignorant l'alerte de mon téléphone. Je reçois toutes sortes de notifications de plusieurs site d'informations, sûrement encore une déclaration d'un membre du gouvernement. L'armée est sur les dents, preuve en est la présence militaire de plus en plus présente partout dans le monde. Je suis surprise de la dernière réflexion d'Andréas. Que Dakota soit un gars bien, ça ne m'étonne pas des masses vu que ça colle avec mes ressentis. Mais je ne m'attendais pas à ce qu'il mette les pieds dans le plat comme ça.

Je me moque de ce que les autres peuvent me dire sur toi. Ce qui compte, c'est ce que toi tu me dis sur toi. Alors dis moi, penses tu que je devrais te fuir Andréas ?

J'écoute attentivement sa réponse, mais mon téléphone n'arrête pas de biper, alors une fois qu'Andréas à fini de parler je sors mon mobile pour le mettre en silencieux. Je m'arrête brusquement, les yeux écarquillés sur la notification du portable.

c'est quoi ce...

Effarée, j'apprends qu'au même instant un prêtre catholique, un rabin, un imam, un prêtre orthodoxe ainsi que 8 fidèles, un prêtre hindou, un autre bouddhiste, et un dernier shinto sont morts partout à travers le monde. Un assassinat mondial visant 7 chefs religieux. 7... Pourquoi ça me....

Oh merde !

Je fouille dans les photos que j'ai prises à la bibliothèque jusqu'à ce que je tombe sur la prophétie dont parlait Dakota.

Alors...j'etais sûre pourtant de...là! A la première lune des ténèbres, Arcamna continuera son œuvre en réduisants les croyances par sept. C'est ça! Sous la noirceur de la nuit, la seconde trompette rententira, apportant avec elle le déchaînement des eaux du monde. Ainsi les mers et les océans se tinteront de sang et la guerre accompagnera la folie. La guerre ? Attend ça parle du cavalier de la guerre en plus des cataclysmes et de la violence qui va aller avec ? Déjà que les humains ne sont pas doué pour la paix, là ça va être un massacre. Et si le cavalier de la guerre s'en mêle, on est tous condamnés. Il suffit que ça parte en live et on va se retrouver irradiés par assez de bombes nucléaire pour détruire l'humanité.

Merde....c'est la fin ça y est ? Jamais je ne retrouverai mes papas. Jamais je ne rentrerai chez moi. Je continue de regarder les articles, et les vidéos des rassemblements spontanés partout dans le monde. Je sens les larmes me monter aux yeux, larmes de peur, de rage, d'impuissance. C'est tellement injuste. Je veux bien me prendre de plein fouet le fait d'être dans un autre monde, à devoir composer avec des vampires et des dieux, tout ça en pleine apocalypse. Mais là je ne peux rien faire. Comment on combat le cavalier de la guerre hein ? Je lève les yeux vers Andréas, cherchant sans m'en rendre compte à être rassurée.

Je suis là, et j'arrive à peine à respirer. Quand Andreas comprends que c'est genre la fin du monde, il se... Réjouit ? C'est ça, il se réjouit! Juste après m'avoir dit qu'il est un méchant, entouré d'autres méchants, je suis dans un méchant repaire de méchants ! La tête me tourne, ma vue se brouille. Tandis qu'il s'éloigne, je ramasse mes affaires et laisse sur la table les 50 dollars qu'il m'avait filé en pourboire. Je viens justement de les boire et je ne veux rien devoir au bad boy. Parce que oui, je savais que c'est un bad boy, mais je ne me rendais pas compte à quel point. Je m'approche de la sortie l'air de rien, mais il me retrouve alors que je suis toujours sous le choc de la réaction des bikers à l'idée de la guerre à venir. C'est la fin. Je lutte contre la panique en m'efforcant de respirer calmement et amplement. Quand Andreas me dit que les cavaliers ne vaincront pas un dieu, mon cerveau essaie de me faire passer un message, mais je ne le comprends pas. Tout ce que je sais, c'est que...

J'ai besoin de prendre l'air.

J'ouvre la porte brutalement et me précipite dehors. Tête renversée vers le ciel nocturne, j'inspire profondément en essayant de ne pas hyper ventiler. Mais mon stupide cerveau refuse de coopérer. Parce qu'il me supplie d'ouvrir les yeux. Je repense à la réaction des gens dans le bar quand j'ai parlé de ma vision des choses concernant les dieux. Leur façon de regarder Andreas. Sa façon à lui de se comporter. Oh merde. Oooooooh merde. C'est impossible, ça ne peux pas être vrai, je ne peux pas avoir changé de dimension pour me retrouver en pleine apocalypse de monstres à côté d'un dieu a la tête d'un gang de bikers, CA ne peut être qu'un rêve ou une nouvelle série Netflix, mais c'est trop. C'est vraiment...

T'es en train de me dire que tu es... un... Euh... dieu ?

Je n'admet toujours pas ce que mon cerveau le hurle. J'ai besoin qu'Andreas le rigole au nez et me dise que non, il n'est pas un dieu, mais un cosplayer hyper convaincant. Ou un ancien catcheur reconverti dans l'insertion des bikers dans la société. N'importe quoi en somme. Parce que là ça fait vraiment beaucoup pour une seule journée.

Je sursaute quand c'est un autre qu'Andréas qui me répond et me retourne vivement. C'est l'homme de main, Raven. Qui m'annonce ne pas être dieu, dieu merc.... Ah ben non. Ben non du coup dieu rien du tout hein, puisque les dieux visiblement y'en a tout un tas qu'on ne connaît pas. Ou plus. Ou qui viennent d'ailleurs. Ça ressemble à quoi un dieu des démons ? Oh la la, ne pense pas à ça Alice, ça va te filer mal au crâne. Quand le démon reprend la parole, il me lâche mine de rien qu'Andréas en est un, de dieu, comme si ça ne comptait pas plus que ça. Et il a raison au fond, peut importe qu'il soit un dieu ou une licorne, ce qui importe c'est ce qu'il fait. Bon OK, là il se réjouit d'une guerre en pleine apocalypse, on ne peut pas dire que ça sente le dieu peace and love. Mais y'a pas que ça. Je suis sûre que y a pas que ça.

Raven me parle de son passé, et je l'écoute sans mot dire, les yeux fixés sur lui tandis que je dechiquete machinalement l'étiquette de la bouteille de bière. La manière dont il parle de lui me fait froid dans le dos. Un tueur en série russe pervers et super sadique hein ? J'ai presque envie de décamper à toutes jambes, mais je sais qud c'est ma peur qui parle, pas moi. Moi je veux entendre la suite. Et je sens mon cœur se serrer de plus en plus au fur et à mesure de son histoire. J'imagine les tortures, les tests, et quand j' apprends que Wolf était aussi dans cet horrible endroit je frissonne et je ne peut pas m'empêcher de ressentir de la compassion. Pas de la pitié, non, de la compassion. Je tente de garder un visage neutre, mais malheureusement pour moi ça ne marche jamais. Papa Ben aimait me charrier à ce sujet, me disant que mon expression faciale trahi toujours mes pensées. Je ne sais pas mentir, je ne sais pas dissimuler ce que je ressens. Ouais, j'suis la super pigeonne au poker.

Quant il me parle de l'intervention d'Andréas dans sa vie, des ses exigences, de ce qu'il a fait, je ne peut m'empêcher de sourire. De tueur en série à avocat, son périple à été long et douloureux. Mais il semble être... Satisfait de son sort ? Fier de lui ? Je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus que tout d'un coup il passe du coq à l'âne et me parle de moi. Que je fais parti des leurs. Que je peux... Compter sur les gens du bar. J'ai l'impression de marcher sur la tête. Mais Parfois, j'ai cru jusqu'à six choses impossibles avant le petit déjeuner, alors je hoche la tête tandis qu'Andréas nous rejoint. Je me penche vers Raben et lui embrasse la joue.

Merci Raven

Je me tourne alors vers Andréas qui me demande si je veux rentrer chez moi ou rester ici encore un moment. Je ne sais pas. Une part de moi à envie de rentrer chez moi et essayer de démêler tout ça. Mais une autre part de moi à envie de rester. J'ai tellement de questions à poser. Je tourne la tête vers la rue quand j'entends des bruits de pas. Un homme s'approche du bar, cheveux longs typé baba cool. Il a l'air encore plus décalé que moi ici. Soudain il s'arrête, et semble parler dans son kit main libre avant de se mettre à rire et faire demi tour. Il s'éloigne en moulinant des bras. Sait il qu'il s'apprêtait à rentrer dans un repère de méchants pas si méchants mais méchants quand même mais pas si pire que les gros méchants ? Il disparaît rapidement, et je le tourne alors vers Andréas.

Je ne veux pas m'imposer, surtout si tu as des.. Euh... Choses à faire ? Mais j'aimerai bien un dernier verre avant de rentrer, ça te va ?

Alors que nous nous apprêtons à retourner à l'intérieur, mon regard est attiré par un énorme corbeau qui vient se poser non loin de nous. Il est suivi d'un autre, puis d'un troisième.... Toute une volée de corbeaux en fait. Je sais que les corbeaux sont des êtres super intelligents et plutôt sociables, mais je n'en n'avait jamais vu d'aussi près. J'ai envie de m'approcher d'eux, de toucher leurs plumes de ce noir si profond, mais une grosse main s'entoure autour de mon bras et me retiens. Un homme s'approche en sifflotant, et je suis surprise de voir monsieur Ødegaard, de l'université. Bien sûr, il ne fait pas très chaleureux au premier abord. Ni au second. Mais après tout, même les chefs des départements de langues anciennes ont le droit de se promener dans des rues sordides et de rentrer dans le bar / QG d'un gang de bikers démoniaques mené par un dieu de la guerre qui meurt d'envie de se battre. 
 

Je crois que je suis en plein AVC. Ces derniers mois, j'ai encaissé et encaissé encore, essayant de m'adapter pour vivre dans ce monde et regagner le mien. Rien que ça, c'est fou. J'ai cru que j'étais folle. Et puis j'ai appris pour les démons. Et les vampires. Et les loups garous. Et aussi les dieux. Et l'apocalypse. La disparition de mon monde. Là, un démon vient de m apprendre que le bad boy qui me trouble tant est un foutu dieu, et au lieu de prendre mes jambes à mon cou je lui propose un dernier verre. Un dernier verre, sérieusement Alice !! . Et là d'un coup, monsieur Ødegaard arrive et je sens bien que la tension présente n'est pas due à la venue d'un simple chef de département, mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit le démon ultra flippant pose sa main sur mon bras, et alors que je tourne la tête je ne vois.... Rien. Même plus moi. Je vais pour paniquer mais je sens qu'on me tire le bras. J'entends vaguement Andréas demander à ce qu'on m'emmène ailleurs et je me retrouve dans une pièce exiguë, qui sent mauvais, toujours avec ce démon super flippant que je ne peux pas voir. Je me recroqueville dans un coin, accroupie, et là seule chose dont je suis capable c'est d'essayer de ne pas hyper ventiler. Soudain je me revois enfin, et le démon est accroupi face à moi. J'ouvre la bouche pour hurler mais une main se plaque sur ma bouche. C'est Raven, qui d'un geste me fais comprendre de ne pas faire de bruit. Il m'aide à me relever. La tête me tourne, et j'ai mal au cœur. Raven me murmure alors que l'invisibilité peut rendre malade, peut être a-t-il une vision laser qui lui permet de voir mi estomac faire des saltos arrières en double piqué entre mes poumons en feu et ma vessie qui, heureusement, est restée sous contrôle et ne s'est pas relâchée. Dans le silence de la pièce exiguë, j'entends des brives de conversations. La voix rauque et chaude d'Andréas tranche avec celle, froide et métallique, du maître de conférence. C'est alors que j'entends Andréas appeler son interlocuteur "mon frère".

Je n'entend plus rien, si ce n'est mon cœur qui tambourine. Mon ventre se tord encore plus. Je ne peux plus que me concentrer sur ma respiration en luttant contre l'envie de vomir. A peu près 3 siècles et demi après avoir été emmenée dans cette pièce puante, la porte s'ouvre, et je sursaute violemment. J'inspire difficilement et sort de la pièce. Qui n'est pas si petite que je le croyais. Je crois que je viens de faire une sorte de crise de claustrophobie ou un truc du genre. Je rejoins Andréas, entourée de ses trois hommes. Il me parle, mais je n'entends rien. Je suis entourée de dieux et de démons. Les humains vont être massacrés par une foutue apocalypse. Je suis devenue invisible. Mes papas sont morts.

J'éclate d'un rire hystérique, avant de plaquer mes mains sur ma bouche. Je dois partir d'ici. Je dois rentrer chez moi. Retrouver mes papas. Je veux rentrer chez moi. Dans ma tête, mes battements de cœurs résonnent de plus en plus fort, de plus en plus vite. Je me mords les lèvres jusqu'au sang pour ne pas repartir en rire de tarée ou ne pas fondre en larmes. Je me contente de regarder Andréas, genre le dieu vivant devant moi, d'un air hébété. Enfin, ma gorge se dénoue.

Je crois que je vais rentrer maintenant.

Ma voix est rauque et basse, mais au moins j'ai réussi à parler. Maladroitement, je ramasse mes affaires que je fourre dans mon sac. D'accord, mes mains tremblent tellement que je dois m'y reprendre à plusieurs fois et je ne suis pas aidée par le vent qui fait virevolter mes cheveux , mais j'y arrive et glisse le sac sur mon épaule. Ma tête me fais mal, mon cœur va exploser, et ma peau est comme électrique. Je me frotte la paume des mains contre mon jean, et je lève les yeux vers Andréas, les posant sur son menton. Je n'ose pas le regarder dans les yeux, j'ai peur de perdre le peu de contrôle que j'ai sur moi si je croise son regard. J'ouvre la bouche, mais la referme, ne sachant pas quoi dire, paniquée, comme un foutu lapin dan les phares d'un putain de camion.

Je lutte contre la nausée tandis que je lui donne mon adresse, et enfile le casque. Cramponnée à lui, nous filons à une vitesse folle, comme si le vent poussait encore plus la moto d'Andréas. Mon corps est comme parcouru d'arcs électriques. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment je le sais, mais j'en suis sûre : il y a quelque chose en moi qui cloche sévère. Quelque chose... Pousse hors de moi. Comme si quelque chose demandait à sortir de moi . Je ne sais comment le retenir, pourtant je me contient de toutes mes forces, faisant grincer mes dents à force de les serrer.

Enfin nous arrivons au pied de mon immeuble. Je n'arrive pas à détacher mes bras d'Andréas. Dans un effort surhumain je descens de la moto, mais je tremble tellement que mes jambes ne me tiennent plus. Alors que je m'apprête à heurter le sol, je me retrouve contre Andréas.

Ça c'est du reflexe

Je balbutie, m'appuyant sur lui pour ne pas tomber.

Est ce que... Tu peux..... M'emme....ner... Chez moi ?

Il commence à avancer sans même que je m'en rende compte. Alors qu'on arrive devant chez moi, je ne vois quasiment plus rien. Tout est flou autour de moi, les couleurs me brûlent les yeux. D'une main tâtonnante je trouve les clés et les tends vaguement devant moi. Au bruit de la porte qui s'ouvre je lâche un soupir de soulagement. Je fais deux pas tremblants et m'appuyant contre la chambranle de ma porte.

Le soulagement qui déferle en moi à l' idée d'être enfin à la maison, la seule que j'ai, cette seconde de relâchement dans ma concentration.... C'est là que tout bascule. Le vent me pousse en avant soudainement, et je tombe à genoux. Soudain, dans un éclatement de lumière, ma vue revient. Au ras du sol. Alors que je tente de me redresser, je retombe dans un glapissement. Un vrai glapissement. Je pose les yeux sur mes pattes.

MES PATTES.

Un gémissement plaintif me gratte la gorge. J'essaie de me redresser encore, d'avancer, mais je m'entrave dans mes vêtements. Je ne peux que glapir comme une malheureuse. Sans savoir comment, à force de me contorsionner, je sors du tas de linge et me retrouve avec l'arrière train sur une botte. Une énorme botte. Je lève le museau vers Andréas et émet un autre son paniqué. La porte à claqué derrière lui, et le vent est complètement retombé. Mais qu'est ce qui m'arrive à la fin ? Réfléchis Alice. Visiblement tu es... Un canidé. Un animal. Ça marche à l'instinct. Quand tu marche tu ne penses pas à chaque instant à tes mouvements, tu les fait. Alors BOUGE.

Je fais quelques pas hésitants, puis prends de l'assurance. Je trottine jusqu'à la porte de la chambre, qui est fermée. Je tourne la tête et... Aboie ? en grattant à la porte, qu'Andréas ouvre pour moi. Je me pose devant la psyché. Un foutu renard. Je suis un foutu renard. Oh merde. Oooooooh meeeeeerde. Le jour fatidique ou je suis arrivée ici, je me suis fais mordre par un putain de renard. Je suis un putain de renard-garou. Flûte. Flutefluteflutefluteflute. Ma queue touffue bat la mesure de mon inquiétude. Elle est vachement plus grosse et longue que celle d'un renard lambda, c'est bizarre. Je fixe la jeune renarde face à moi. Il est évident que c'est une jeune renarde. Pas un renardeau, mais pas vraiment à taille adulte. Une.... Ado renard-garou.