Un pied dans la porte feat Athéa

Je suis devant la boutique de magie. J'ai bien observé les alentours. S'il y a des caméras. S'il y a des angles morts. S'il y a eu d'autres visites intéressantes. Mais rien.
Le jeune observateur était là hier. Mais pourquoi? Savoir sur quelle piste il est pourrait me conforter dans la voie que je compte suivre. J'ai besoin de savoir.

Ce besoin n'est pas seulement matériel. J'ai aussi besoin de savoir où elle en est ELLE. J'ai besoin de sentir que je la contrôle. Qu'elle est en mon pouvoir. Moi qui ne ressens jamais rien, je ne comprends pas ce qui m'arrive. C'est la mission de ma vie. La plus grosse que j'ai eu à mettre en œuvre. La plus longue. La plus rentable. La plus cruelle aussi peut être. Quoi que... Si. Je sais que je n'aurais pas de limites avec elle. Elle peut encaisser. Je jongle avec tous mes petits pions, prévoyant tellement de coups en avance et en réserve que seul un esprit éclairé comme le mien peut comprendre. L'entièreté du plan n'est connu que de certains élus. Et il est énorme. Tantaculaire. Meurtrier. Un brin sadique. Bref : j'adore ce plan. Et comme Hannibal, j'adore quand un plan se déroule sans accroc. Et pour le moment, il n'y en a pas. Certes, il aurait pu être plus rapide. Mais elle est forte. Elle résiste. Elle se bat. J'ai tellement hâte de la voir perdre.

Mais pour cela je dois redoubler d'ingéniosité. J'aime ce défi. Tout est tellement simple quand on est moi. Alors un peu de piquant, c'est à la fois frustrant et exaltant. Pour le moment, je dois m'infiltrer très discrètement. Comme lorsqu'un représentant glisse un pied dans l'embrasure de la porte d'un potentiel client, l'empêchant ainsi de lui fermer la porte au nez.

J'entre dans la boutique. Par réflexe, je projette toujours une sorte d'aura réconfortante sur les personnes qui m'entourent. Je joue sur les sentiments tels la méfiance et l attirance. Je sais que je donne l'impression d'un homme agréable et civilisé, un homme inoffensif et avec qui on a envie d'échanger. Je salue la vendeuse d'un ton enjoué et fais mine de flâner un peu, mais en fait j'observe mon environnement. Je prends la mesure de l'air ambiant. La vendeuse est une sorcière. Pas très puissante certes, mais sorcière quand même. Et elle est emplie de peur. C'est délicieux. Je vais pouvoir jouer dessus aussi. Parfait.

Je pioche sur les étagères les diverses poudres dont j'ai besoin pour ensorceler l'herbe que Mike vend à la tueuse. Autant faire d'une pierre deux coups.
Puis je fais mine de m'intéresser aux livres posés sur un rayonnage, en observant la vendeuse de biais. Je sais qu'elle va bientôt m'aborder. 

 

Je la sens s'approcher de moi. J'agis déjà sur elle, baissant sa méfiance, instaurant une sensation de bien être. Comme pour un tableau, j'ajoute une touche par ici, j'estompe par là.

Je me retourne et lui souri d'un air avenant en lui tendant la main. Je la pousse à me tendre la sienne comme par un réflexe de politesse. Contact effectué. Le reste sera du gâteau.

"Bonjour. John, ravi de vous rencontrer. J'ai en effet besoin d'aide."

Je garde sa main entre les miennes, et je fais en sorte qu'elle n'ait aucun problème avec ce contact. Il lui semble amical, ni contraignant ni invasif, mais rassurant et franc. Je fais en sorte qu'elle ressente émaner de moi comme une aura de bienveillance et de confort, ce genre d'aura qui font que les gens sont à l'aise et se confie plus facilement. Mais en même temps j'infiltre mon pouvoir en elle. Je l'infiltre comme un poison, une maladie. Et elle ne le sent pas. Pauvrette, elle n'a aucune chance face à moi. Elle a peur, manque de confiance en elle, et est perdue. Je ne sais pas ce qu'a été sa vie, mais elle me facilite la tâche. A l'intérieur de moi, je ris tel un méchant de James Bond.

Je fais en sorte que non seulement elle ai envie de m'aider, mais que rien ne lui semble plus important que cela.

"quel est votre prénom ?"

Je lui souris toujours, pas comme un séducteur non, plutôt comme un ami, un oncle, un père, bref, un homme rassurant duquel elle ne peux pas avoir peur, dont elle ne peut pas se méfier, qu'elle a envie d'aider. Un homme bien.

Je laisse couler mon pouvoir, comme une vague continue de chaleur bienfaitrice. Bientôt, rien ne lui semblera étrange. Elle sera sous le charme, totalement en confiance, sans que cela l'interpelle. Elle boira mes paroles.
Tout en l'infiltrant de mon pouvoir, je plante mon regard hypnotique dans le sien.

"je vais prendre ceci"

Je dépose mes emplettes sur son comptoir et enchaîne

"c'est une bien belle boutique que vous avez là. J'aime beaucoup. Je suis sûr que vous devez avoir du monde. Et parfois des demandes singulières. Tenez dites moi, qu'est ce qu on vous a demandé récemment ?"

Je veux savoir ce que l'observateur a prit. Ce qu' il prépare. Ce qu'il sait. Je sais qu'ils n'ont aucune chance de me vaincre, que j'aurais toujours un coup d'avance sur eux. Je suis comme un cancer, je m'entend, je colonise, j'infeste. Je suis partout. Je pourrais recourir à des procédés plus simples, mais j'aime jouer avec les gens. J'aime que les choses soient raffinées, pas trop évidentes. Les hommes ont tellement de failles, de non dits, de colère, de rancœurs, de peurs, je suis un marionnettiste. Pour le moment je prépare ma pièce, je sélectionne mes acteurs. Mon plan est immense. Et pourtant. Il est si petit, comparé aux enjeux. Ça va être dément.

Je la regarde, tout sourire. Mon pouvoir est maintenant complètement développé, elle ne se rendra compte de rien. Elle se sentira absolument normale et ne se souviendra pas de s'être sentie bizarre, si elle en a eu l'impression.

" Dites moi tout ma douce. Qu'est ce qu'il a regardé exactement ? Quels livres ? Quels artefacts ? Qu'en pense-t-il ? Je veux tout savoir."

Je suis toujours souriant, mon charisme est à son maximum. Comme à chaque fois, je ressens une certaine impatience. Mais l'expérience m'a appris que céder à mes pulsions de violence ne sert à rien, au contraire. Mon don n'est pas dans la violence, même si elle me soulage. Je me force à ne pas laisser mon esprit divaguer sur toutes les souffrances que je pourrais infliger de mes mains. Et sur celles que j'aime infliger par mon pouvoir. Bientôt, la tueuse sera à moitié folle, et complètement en mon pouvoir. Mon bras armé. La pièce la plus importante de ce premier puzzle.

Oh bien sûr, j'ai dû négocier avec les membres hauts placés qui voulaient l'éliminer après s'être servi d'elle. Mais je les ai convaincu de me la laisser. Puisqu'elle sera en mon pouvoir, elle ne représentera aucun danger. Et je me ferais un plaisir de....

Je me colle une claque mentale. Ça suffit John, chaque chose en son temps.
J'accorde mon attention entière à la sorcière. Plus elle m'en dit et plus je l'interroge, et un plan commence déjà à germer dans ma tête.

Alors petit observateur, dans quel guêpier vais je bien pouvoir t'envoyer?...

Je souris encore plus largement. Vu ce que la petite sorcière m'a dis, le jeune homme n'a pas pu identifier la clé. Parfait. Vraiment parfait.

"voici ce que nous allons faire ma douce"

Je lui prend la main et la regarde de mes yeux hypnotiques.

"tu vas rappeler le jeune homme. Tu vas lui proposer ton aide, tu va être obsédée par cela. Et par lui. Tu trouvera des excuses pour le voir. Tu te rapprochera de lui. Tu rencontrera ses amis. Tu l'aimera de plus en plus"

Elle me regarde d'un air rêveur. Mais je n'ai pas fini.

"Tu me racontera absolument tout. Tu me préviendra de ses faits et gestes. Tu me diras où et quand vous prévoyez de vous voir."

Je balance toute la force de mon pouvoir avant de conclure

"tu ne lui parlera jamais de moi. Tu ne penseras jamais à moi, tu oublieras même mon existence quand tu seras avec lui. Mais à chaque fois que tu le quittera tu m'appellera. Chaque fois que tu devra le voir tu m'appellera. Chaque fois que tu l'aura au téléphone tu m'appellera. Tu me diras tout. Tu ne lui diras rien. Tu m'appartient."

Elle dodeline de la tête, complètement sous mon emprise. Je lui donne alors mon numéro de téléphone, lui ordonnant de l'apprendre par cœur et de ne jamais le communiquer.

" maintenant ma douce, dis moi : est ce que tout est clair pour toi ? "

Je souris comme un gamin. J'adore me faire de nouveaux pions. J'adore infiltrer la vie de la tueuse par tous les moyens possibles. D'abord j'espionne le sorcier. Puis quand il présentera Athéa à Faith, elle se rapprochera d'elle. Lui susurrera à l'oreille pour moi. L'espionnera pour moi. La trompera pour moi.

Je souris toujours, et j'en suis surpris.
Moi qui était depuis quelques temps comme endormi, je me retrouve au milieu de cette partie d'échecs, dont Faith, mais aussi le futur, sont les enjeux. Et personne ne m'a jamais battu. Je gagne toujours. Mais cette partie, ses enjeux, et la toile que je tisse, voilà ce qui fouette le sang. Je serais sans pitié.

Je souris, triomphant. Elle est complètement en mon pouvoir. Parfait. J'aurais tout ce que je lui demande. Un profond sentiment de satisfaction me parcoure. Je suis excité à l'idée de tendre mes filets autour de la tueuse. Je ne sais pas ce que c'est que les scrupules, les hésitations, la morale. Je m'en fou.

Tu es parfaite ma douce. Absolument parfaite.

Je lui caresse la joue, et, laissant ma bouche à quelques millimètres de sa peau, je lui susurre à quel point je suis fier d'elle. A quel point j'ai besoin d'elle. Qu'il est vital pour moi qu'elle réussisse cette mission que je lui confie. Je laisse mon souffle courir sur sa peau tendre, elle est si jeune, ni innocente.

Je recule enfin d'un pas.

je dois partir ma douce. Tu sais ce que tu as à faire. Je comptes sur toi.

Je me saisi de mes emplettes et m'en vais sans me retourner. Elle va m'oublier dès qu'elle me perdra des yeux, mais elle fera absolument tout ce que je lui ait dit. Et quand un des moments que je lui ai cité se produira, elle se souviendra et obéira, rien ne pourrai l'en empêcher. Et elle oublierea de nouveau.
Il est temps maintenant pour moi de mettre la main sur Hope. Cette folle ne m'a pas encore contacté aujourd'hui, mais il me faut son rapport. Le combat a dû se terminer il y a 5 ou 6 heures, c'est inacceptable. Je me réjouis à l'idée de punir cette petite conne.